Les labels sont un exemple concret de ce que peut être le développement durable dans la culture. En effet, derrière les labels on retrouve l’idée de préserver une ressource, de gérer durablement, ou encore de favoriser la qualité. Derrière les labels, il y a également la notion de concertation, de respect des engagements pris ou encore de penser sur le long terme. Derrière les labels, il y a encore l’idée de développement économique et social atteint de manière raisonnée. En d’autres termes, les contraintes liées sont pour les acteurs labellisés le socle de nouvelles manières de faire, de penser et d’agir sur leurs territoires dans l’objectif de le développer de manière durable. Et c’est finalement c’est image durable qui est ensuite proposée et associée à ce même territoire.
On l’aura compris, les labels servent avant tout à « identifier » un produit afin de le mettre en avant. De là, chaque label renvoie à des critères bien spécifiques, qui vont dépendre des objectifs poursuivis par l’acteur qui le porte : sensibilisation, valorisation, protection. Sans oublier la part de communication et de réseautage bien entendu.
Il existe un grand fossé (qui se comble très très lentement, mais quand même) entre les sites naturels et les sites culturels/urbains. D’un côté on présente la chose comme des sanctuaires écologiques (ce qu’ils ne sont pas dans les faits) et de l’autre on met l’accent sur le côté historique et culturel (avec un côté faussement « figé »). La réalité est un peu complexe puisque des humains y vivent ou y passent. Quelques ponts peuvent être construits au moment de définir les objectifs de développement local (durable, économique, social, …) avec toutes les meilleures intentions imaginables. Et dans les faits, sûrement que cela à des conséquences sur le terrain.
Mais la question qui se trouve derrière toute ces descriptions, c’est pourquoi ne pas les penser comme un seul et même objet dès le départ, comme deux faces d’une même pièce. Que l’on souhaite insister sur l’aspect naturel ou culturel d’un site (ou qu’il soit mixte – Unesco) peut importe en réalité puisque les logiques sont similaires : créer une zone cœur protégée des dégradations. Créer des zones tampons (périphériques) où l’activité peut se développer avec cette zone centrale. Puis, plus on s’éloigne, moins de contraintes s’imposent – selon un schéma assez simple de cercles concentriques. Alors oui, les outils et les techniques ne sont pas les mêmes, propres à chaque domaine ; oui on ne fait pas la même conservation préventive avec une cathédrale et avec une zone humide. Mais les logiques sont les mêmes : préserver une ressource, éviter qu’elle se dégrade ou soit dégradée pour continuer à en tirer de la valeur. Préserver un vieux quartier dans une petite ville, veiller à ces que les devantures, les commerces, les façades, … soient raccords revient à la même chose que faire attention aux évolutions des espèces, à empêcher les prélèvements, … dans un marais.
C’est pourquoi la question se pose d’un label qui prendrait en compte dès le départ ces deux dimensions. Prenons l’exemple d’une ville comme Péronne dans la Somme. Son histoire fait qu’elle est aujourd’hui un haut lieu de la Bataille de la Somme (1916), avec un nombre de monuments (ainsi que dans les environs) valorisés à ce sujet. Mais sa géographique fait que la Somme (la rivière cette fois) y a une forme particulière (avec des petits marais, canaux naturels et points d’eau) propice au développement d’une faune et d’une flore particulière. Un label (et derrière tous les critères de protection, valorisation, …) pourrait unifier ces deux gestions et les penser de manière globale pour un développement local.
Enfin, une dernière utopie concernant l’ensemble des produits culturels. Le consommateur averti à de nombreux points de repères lorsqu’il veut du durable dans l’alimentaire (AB ainsi que différents labels privés). Mais il n’en a aucun en ce qui concerne les produits culturels : sont-ils produits de manière durable, selon des principes respectueux de l’environnement, des conditions de travail, des normes et réglementation en vigueur, … Si cet enjeu peut paraître trivial à première vue, il ne l’est plus du moment où l’on s’intéresse à l’ensemble de la chaîne de valeur (du support à la diffusion, en passant par la production) ; car la culture, comme tout le reste, doit prendre le chemin du durable.
Et donc pour conclure, on peut affirmer que les labels sont finalement un bel exemple, concret et valorisé (certes qui peuvent mieux faire) de ce que l’idée de se développer durablement peut apporter aux acteurs de la culture.
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