Définir les industries culturelles (2/4) Segmenter pour mieux compter

Comme finalement beaucoup de gens, nous avons tendance à employer les termes d’industries culturelles, du divertissement ou encore créatives comme s’il s’agissait de synonymes. Et il nous semblait donc logique de débuter par un premier sujet de définition, pour tenter d’en clarifier les contours. Nous avons donc pris nos pelles et nos pioches histoire de déblayer un peu le terrain.

Avant de s’engouffrer dans les modèles théoriques les plus-en vus du côté des chercheurs, faisons un petit détour par ceux des institutions publiques. Dérivé de la vision des Nations Unies et de l’Unesco, le modèle européen des industries culturelles se présente avant tout comme un moyen de « ranger » le réel dans des cases. Porté par l’organe de statistiques européen Eurostat, la vision de la Commission vise ni plus ni moins qu’à délimiter des ensembles afin de faire correspondre la réalité à des catégories préétablies ; préalable indispensable à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques publiques diront certains.

D’apparence complexe, le schéma suivant proposé par le Ministère de la culture synthétise en réalité de manière simple le sujet :

Source : Deps/Ministère de la culture

Comme on peut le voir, l’approche européenne consiste à retenir un certain nombre de « domaines culturels », 10 au total et à les croiser avec 6 fonctions économiques identifiées. Ces dix domaines correspondent grosso modo aux différents secteurs de la culture, avec d’un côté le monde de la création artistique (livre & presse, arts visuels, spectacle vivant, audiovisuel, architecture) et de l’autre le patrimoine culturel (patrimoine, archives, bibliothèques). Auxquels se sont greffés par la suite la publicité et l’artisanat d’art, reconnus comme des univers créatifs à part entière.

Quant aux six fonctions économiques, elles renvoient à l’ensemble de la chaine de production de valeur, jugée similaire pour tous ces secteurs : création, production, diffusion et commercialisation, préservation (conservation), éducation (formation) et enfin l’administration.

Chaque domaine peut lui-même être segmenté en sous-domaine, comme par exemple l’audiovisuel, qui regroupe la radio, la télévision, le film, la vidéo, le multimédia et la musique enregistrée. Enfin, dernier points qui n’apparaissent qu’en filigrane dans ce schéma, la possibilité de documenter aussi bien les emplois, que les produits (les biens et les services) de ces différentes industries.

Pour conclure, on dira simplement que cette approche a les qualités de ses défauts. Schématique, elle permet de catégoriser le réel afin de le faire rentrer dans des cases. Utile pour un aperçu global des industries culturelles, des différents secteurs et de leurs chaînes de valeurs respectives. Cependant, le tout reste relativement statique, et la segmentation rend difficile la compréhension des liens entre les secteurs. Enfin, chaque domaine est mis au niveau des autres, animés par les mêmes logiques économiques a priori, ce qui tend à supprimer les différences fondamentales qui vont par exemple exister entre le spectacle vivant et la publicité ou le livre et le cinéma.

 

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